La liberté : un don du ciel pour les uns, la source de tous les problèmes pour les autres
"Tout ça, c'est pareil"
"Toutes les religions se ressemblent"
"Nous croyons tous dans le même D.ieu au final"
On entend souvent ces phrases et si certaines pratiques, certains récits et certains personnages se retrouvent d'une tradition spirituelle à l'autre, cela prouve-t-il "qu'au fond", le judaïsme, le christianisme et l'islam prônent la même chose... au final ?
Il faut savoir dans un premier temps que l'islam se positionne comme seul et ultime héritier du monothéisme abrahamique.
En d'autres termes, selon l'islam, juifs et chrétiens doivent finir par se convertir à l'islam puisque l'islam détiendrait la 3ème et dernière révélation du même Dieu, révélation que juifs et chrétiens mettraient donc un peu de temps à admettre.
Mais quelle est la proximité idéologique entre le Judaïsme et le Christianisme d'une part et l'islam d'autre part?
Est-ce parce qu'on y parle des mêmes histoires, des mêmes personnages, et des mêmes prophètes, que ce sont les mêmes idées?
Car les débats sur la religion se focalisent souvent sur les aspects cultuels et jamais sur les fondements idéologiques, ceux qui ont façonné, siècles après siècles, l'occident et Israël.
A éviter cette étude des fondements idéologiques des religions (trop compliqué peut-être ?), ces débats superficiels permettent souvent de rejeter d'un bloc "toutes les religions" qui seraient donc toutes obscurantistes et expansionnistes dans une certaine hypocrisie, faisant l'économie de tout effort intellectuel.
Est-ce que c'est aussi simple que ça ou serait-il judicieux de creuser un peu? En quoi ces arguments ("l'islam, unique héritier du monothéisme" et "toutes les religions sont bonnes à jeter à la poubelle") nous empêchent-ils d'y voir clair et, au final, de porter un jugement intellectuellement honnête ?
Idée juive et chrétienne: l'homme a son libre-arbitre
En dehors de tout aspect ésotérique ou religieux, le Judaïsme et le Christianisme véhiculent un ensemble de valeurs, dont celui du travail. Depuis la chute du paradis, les hommes seraient condamnés à travailler dur. C'est ainsi. Et c'est pour cette raison que le jour du repos serait sacré : parce que le reste du temps, les "enfants de D.ieu" travaillent.
En outre, les deux religions affirment que l'homme a été créé à l'image de Dieu, le Créateur. Le sens symbolique ? l'homme a été créé à l'image du Créateur pour devenir à son tour créateur de sa propre vie et pour cela, il doit tout inventer.
Il doit non seulement maîtriser ce qui existe déjà, mais en plus, il doit faire preuve d'inventivité, de créativité, innover, apporter sa touche personnelle, proposer quelque chose de nouveau pour toujours améliorer son existence et le monde dans lequel il vit : c'est ce que sous-tend l'idée d'élever sa condition humaine.
Cette idée se retrouve chez tous les progressistes.
Cette injonction faite aux hommes est rendue possible par l'idée juive et chrétienne que "D.ieu", tel qu'il est perçu dans ces deux religions, a donné à l'homme sa liberté et l'a doté du libre-arbitre pour exercer cette liberté.
D.ieu lui aurait indiqué le "Bien", il l'aurait averti contre le "Mal", et lui aurait donné la possibilité de choisir. Le libre-arbitre est une notion fondamentale dans ces deux religions, et dans nos cultures : il induit que les hommes sont responsables de leurs actes. Cette notion est à l'origine de la notion d'intention, une notion importante en droit.
C'est dans ce type d'exemple que l'on peut parler d'héritage judéo-chrétien, n'en déplaise aux contempteurs de toutes les religions.
La liberté rend possible l'innovation et donc l'amélioration
C'est cette même idée de liberté qui permet donc à l'homme d'inventer à son tour, de créer à son tour avec toutes ses capacités, toute sa bonne volonté, toute ses caractéristiques propres de nouveaux concepts, de nouvelles idées, de nouvelles lois, de nouveaux objets, de nouvelles méthodes de travail, et ainsi de suite.
L'idée que l'homme est libre autorise la création, et induit que l'homme n'est pas prisonnier d'un modèle immuable.
L'homme peut donc faire évoluer son cadre de vie. Il peut, potentiellement, tout faire: le bien, comme le moins bien.
Peur de ne pas y arriver, peur de faire n'importe quoi: les penchants humains qui conduisent à rejeter la liberté
En d'autres termes, être libre, c'est beaucoup de boulot. Beaucoup de soucis. Beaucoup d'incertitude.
Ça peut en décourager certains, devant l'ampleur de la tâche à accomplir : difficulté du défi, peur de ne pas y arriver, de se tromper ou d'être ridicule, manque de persévérance... sont autant de freins à l'exercice de cette liberté.
En résumé, ce qui guette tout individu devant la création de sa propre existence et devant toute création tout court (d'une entreprise, une oeuvre, etc...) c'est l'abattement, le doute.
Être libre : le plus extraordinaire et le plus effrayant défi à relever.
La liberté, ça peut faire peur: la liberté, pour certains, c'est partir dans tous les sens, se disperser et finalement se perdre.
C'est toute la rhétorique anti-liberté : l'idée selon laquelle la "liberté" ce n'est que ça : se disperser, faire des erreurs, être un danger pour soi-même ou les autres et finalement se perdre.
Les opposants à cette liberté et cette innovation développent donc une rhétorique associant liberté et dépravation, pour dénigrer l'idée de liberté.
C'est tout le sens de la propagande anti-occidentale...
...construite dans beaucoup de pays musulmans et largement reprise par l'extrême-gauche qui a une vision un peu autoritaire de l'ordre, elle aussi.
islam = répéter le coran, recopier Mahomet, appliquer des règles établies il y a 1400 ans
La pratique idéale de l'islam induit le suivi scrupuleux de règles et de coutumes islamiques immuables.
C'est d'ailleurs le sens du mouvement Salafiste, par exemple.
C'est aussi le sens que prend l'expression : islam radical, c'est le retour aux racines.
Certains s’enorgueillissent d'ailleurs de cet attachement aux "traditions" contrairement au monde chrétien qui se serait "égaré".
Le comportement idéal, selon la tradition musulmane, c'est celui du prophète, Mahomet. Ainsi, un musulman atteint la perfection lorsqu'il reproduit l'attitude du prophète. Taille de la barbe, couleur, tenue vestimentaire, attitudes, répliques : les musulmans sont appelés à répéter les comportements de Mahomet, d'Aïcha -avec le port du voile, une sunna-... La reproduction de ces comportements seraient gage de valeur personnelle selon la tradition musulmane.
En fait, l'islam dispense de toute création, de toute invention, de toute innovation, de toute réflexion: tout a déjà été calculé, pensé, mesuré, évalué pour vous. Il vous suffit d'appliquer à la lettre les prescriptions islamiques, de recopier des comportements qui datent d'il y a 1400 ans pour être quelqu'un de bien et de respectable, quelqu'un de "pieux".
Plutôt que de chercher comment avancer dans la vie en se trompant parfois, l'islam vous permet de gérer le réel avec des règles précises.
Il vous guide.
Règles et contraintes dans le Judaïsme et le Christiannisme
En Occident, nous nous demandons en permanence si ce que nous faisons est bien, juste.
L'islam appelle le musulman à se demander si ce qu'il fait est en conformité avec ce que prescrit l'islam.
La religion juive et la religion chrétienne demandent à l'individu de définir lui-même ces notions en lui donnant des outils et font appel à sa conscience : puisqu'il doit avancer et progresser, l'homme a sans cesse besoin de redéfinir la notion de bien et la notion de mal face à une nouvelle situation. Cela prend tout son sens face aux avancées de la médecine et de la science qui apportent leur lot de bénéfices mais aussi de questionnement moral.
L'islam définit ces notions une fois pour toutes : le bien est ce qui va dans le sens de l'islam, le mal est tout ce qui nuit à l'islam.
En fait, il subordonne les notions de bien et de mal à lui-même, il se positionne au-dessus, il redéfinit le monde. Ce n'est pas du tout la même construction de pensée.
C'est rassurant, c'est balisé, c'est clair
On sait où on va, quoi faire quelle que soit la situation, en témoignent ces nombreux passages où l'on voit que l'islam ne se contente pas d'énoncer des règles précises (comme par exemple: le temps d'allaitement pour les femmes, la fréquence des épilations de telle ou telle zone du corps, ou bien encore la direction dans laquelle faire ses besoins) mais aussi dit explicitement aux musulmans quoi dire dans telle ou telle situation.
Vous n'êtes jamais perdus, l'islam a tout pensé pour vous, tout prévu, il vous enveloppe et gère pour vous tous les aspects de votre vie.
Plus de peur, plus d'incertitudes, plus d'hésitations.
La créativité et l'effort musulman : subordonnés à la "défense" et à la diffusion de l'islam
Le Djihad ("effort", qui inclut l'argumentation, les opérations financière et, enfin, le combat physique, le "qitaal") recycle cette idée de persévérance et de créativité seulement au nom d'allah et dans le but de diffuser l'islam.
Cette persévérance, on peut l'entendre dans ce témoignage de la porte-parole du mouvement "Mamans toutes Egales", Ndella Paye, qui souhaite faire prévaloir une prescription islamique par rapport à la loi française et qui a été récemment reçue au Ministère de l'Education Nationale. La créativité, on la retrouve dans les prouesses rhétoriques de Tariq Ramadan, encore une fois, dans le seul et unique but de servir l'islam.
La "défense" et la diffusion de l'islam sont les deux seuls domaines dans lesquels un musulman peut et doit exercer tout son potentiel et toute sa créativité.
Un exemple concret d'innovation en islam : les fatwa, comme celle-ci qui a récemment déclaré la chicha (ou narguilé) "haram", donc interdite.
Si ce qu'entreprend ce musulman entre en contradiction avec un précepte, une prescription ou une affirmation assenée dans le coran, alors ce que fait ce musulman est considéré comme "illicite" ("haram") et donc anti-islamique, l'islam se prétendant comme référence absolue et unique du bien et du mal et en redéfinissant le sens. L'islam implique une relecture du monde à l'aune du coran.
Et ce n'est pas du tout celle dont nous avons pris l'habitude.
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